jeudi 18 octobre 2012

Des fourmis dans la bouche de Khadi Hane


Après avoir été répudiée par sa mari sous un faux prétexte, Khadîdja quitte le Mali et s'intalle à Paris où elle vit seule avec ses quatre enfants dans le quartier de Château-Rouge. Chaque jour est un combat : elle se bat pour trouver assez de nourriture pour ses enfants alors qu'elle ne travaille plus, elle se bat contre les vieilles traditions maliennes qui l'excluent la communauté parce qu'elle a une relation avec un homme blanc, elle se bat contre ses voisines maliennes qui aimeraient qu'elle soit comme elles, grosse, mariée et soumise et elle se bat contre la rue qui abrite trafics en tout genre et  qui pourraient compromettre son fils aîné. 

Des fourmis dans la bouche est un roman très dur, très noir qui aborde l'aspect négatif de l'immigration, celui dans lequel les immigrés ne sont pas intégrés et vivent en communauté dans des conditions abominables où l'insalubrité et la faim règnent. Et dans ce monde où les femmes n'ont pas la parole, Khadîdja tente de surnager et face à ses difficultés, s'interrogent sur sa foi en Dieu. Pourquoi laisse-t-il ses enfants crever de faim ? « C'est aujourd'hui que je veux savoir, insistai-je. Dis-moi si oui ou non Dieu existe, et si oui, pourquoi Il ne répond pas à mes prières. Depuis hier, mes enfants et moi n'avons rien avalé. Nous avons des fourmis plein la bouche. Alors, dis-moi si, oui ou non, Il me donnera à manger. » 

J'ai bien aimé ce roman, mais j'ai été un peu déçue par la fin assez brutale, qui laisse planer le doute sur le devenir de Khadîdja et de ses enfants.

Lu dans le cadre du Prix océans.

lundi 15 octobre 2012

La machine infernale de Jean Cocteau

Obéissant à l'oracle, Œdipe résout l'énigme du Sphinx, tue son père et épouse sa mère. La peste s'abat sur Thèbes qui a couronné un inceste et un parricide. Quand un berger dévoile la vérité, la machine infernale des dieux explose. Œdipe se crève les yeux et sa mère se pend. (présentation de l'éditeur)

J'ai aimé :

- la réécriture du mythe d'Œdipe : passionnée par le mythe, je n'avais pas encore lu adaptation par Jean Cocteau. Il reprend les mêmes personnages, Œdipe, Jocaste, le Sphinx, Antigone, Créon, mais à sa sauce : par exemple, Œdipe est un jeune homme arrogant à qui on a donné la réponse de l'énigme du Sphinx mais qui se fait passer pour un héros et le Sphinx est une belle jeune fille amoureuse.
- l'introduction du surnaturel : dans cette pièce de théâtre, il y a le fantôme de Laïus qui revient pour prévenir Jocaste du danger qui arrive, le Sphinx se transforme monstre ou en jeune fille, le dieu Anubis qui apparaît et disparaît. Cocteau introduit tout plein de petits détails à mi-chemin entre le réel et le surnaturel.Il accorde également beaucoup d'importance aux rêves et à ce qu'ils révèlent, notamment dans la scène de nuit de noces entre Jocaste et Œdipe, qui s'endorment à tour de tour en divaguant et parlant à haute voix.
- le double sens des dialogues : puisqu'on connaît la vérité sur les liens qui unissent Œdipe et Jocaste, on décèle tous les indices et on s'amuse à les repérer bien avant que les personnages ne comprennent eux-mêmes.

Je n'ai pas aimé : Rien du tout !

Au final, Cocteau réécrit en 1932 l'Œdipe roi de Sophocle, en le modernisant et en y ajoutant même une touche d'humour. Il en ressort que l'homme n'est pas libre, ni même les héros, ni mêmes les dieux et le Sphinx, qui dépendent d'une destinée, et dans ce cas précis, d'une machine infernale.

mercredi 10 octobre 2012

Sauvage de Nina Bouraoui


Imaginez une jeune fille de 14 ans, Alya, qui vit en Algérie, à la fin des années 1970. Elle est entre deux âges, celui de l'enfance et celui de l'adolescence. Elle garde encore des peurs d'enfant mais connaît également, les premiers émois, les premières amours et découvre la sexualité, celle des adultes. Alors pour faire face à ces changements, de son corps et de son esprit, elle écrit tout ce qui lui vient par la tête, ses souvenirs, ses expériences, sa vie à Alger dans l'attente de l'année 1980 qui arrive et qui promet des changements. Elle parle surtout de Sami, celui qui l'aime, et qui a disparu. 
On est littéralement plongés dans l'esprit d'Alya, qui écrit un long texte, sans chronologie apparente, et qui passe d'un sujet à un autre au gré de ses pensées qui s'agitent. On est parfois perdus par la confusion du texte, on revient en arrière pour retrouver le fil de ses pensées qu'on n'a oublié de suivre. C'est une lecture active, voire difficile, à laquelle il faut s'accrocher, mais le tout est sauvé par une magnifique écriture, pleine de poésie, très construite, qui utilise phrases courtes et fragmentées, et qui possède une véritable musicalité. Sauvage est un beau roman, celui de la peur du passage de l'enfance à l'adolescence, liée à la peur du pays face à l'année 1980.

Extrait :
Je n'ai pas peur de la nuit avant de m'endormir, je n'ai pas peur des esprits, j'ai peur de ce qui existe. Je crois que j'ai peur de la vie, comme on me l'a donnée, proposée. Parce que j'ai toujours l'impression de ne pas avoir le choix. D'être obligée de suivre les autres, le monde. La marche du temps. C'est comme un écrasement de savoir ça. D'être obligée de l'accepter pour devenir une vraie personne, c'est-à-dire une personne qui trouve sa place, qui s'inscrit dans ce monde et qui participe, avec les autres, à la marche, sans jamais pouvoir l'arrêter, ou lui faire changer de sens. La rotation des planètes. Toujours.

Lu dans le cadre du Prix Océans.

samedi 6 octobre 2012

Le Prix des Lecteurs Livre de poche : résultats !



La cérémonie de remise des prix a eu lieu le jeudi 5 octobre et voici les résultats !

Pour le Prix des lecteurs littérature, deux romans sont arrivés en tête ex æquo :


Pour le Prix des lecteurs Polar, est arrivé en tête :


Enfin, les libraires ont décerné leur prix au roman Purge de Sofi Oksanen.

Bravo aux gagnants ! Et un énorme merci aux éditions Livre de Poche pour m'avoir permis de participer à cette belle expérience riche en découvertes et en partage !